« Dans notre monde, l’oisiveté s’est transformée en désœuvrement, ce qui est toute autre chose : le désœuvré est frustré, s’ennuie, est à la recherche constante du mouvement qui lui manque. » *
Depuis 2001, au côté de la fameuse fête de la Musique, le 21 juin accueille de façon plus confidentielle la journée internationale de la lenteur, créée à l’initiative de personnes stressées par le rythme d’une « vie moderne » liée à leur activité professionnelle. Il semble en effet opportun d’interroger à quel point nous sommes-nous laissé emporter par notre amour pour une vitesse addictive ? Notre course à la célérité nourrit l’accélération permanente qui restreint notre champ de vision à mesure d’empresser nos expériences. Réduire ainsi la perception de ce que nous vivons par l’augmentation de notre vitesse n’alimente-t-il pas nos frustrations ?
« Le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli. De cette équation on peut déduire divers corollaires, par exemple, celui-ci : Notre époque s’adonne au démon de la vitesse et c’est pour cette raison qu’elle s’oublie facilement elle-même. Or, je préfère inverser cette affirmation et dire : notre époque est obsédée par le désir d’oubli et c’est afin de combler ce désir qu’elle s’adonne au démon de la vitesse ; elle accélère le pas parce qu’elle veut nous faire comprendre qu’elle ne souhaite plus qu’on se souvienne d’elle ; qu’elle se sent lasse d’elle-même ; écœurée d’elle-même ; qu’elle veut souffler la petite flamme tremblante de la mémoire. » *
Comme ferme et joyeuse invitation à plonger fraichement dans le ralentissement comme nous l’a suggéré cette dernière semaine caniculaire, nous vous partageons cette nouvelle playlist mensuelle intitulée « Délices de lenteur ».