Illustration réalisée par : Camille Silvain
Le projet :
2021 a souvent transformé nos projets en vagues de projections. L’année passée a rappelé la complexité du lien à notre environnement autant qu’elle nous a éloigné de la tentation du contrôle dont nous observons par ailleurs la banalisation.
Une des activités qui nous alimenté a été de produire des playlists mensuelles dont la réalisation ne dépendait que de nous. C’est ainsi que nous avons pris l’habitude de partager notre sensibilité en mouvement dans quelques lignes de réflexion autant subjectives qu’insignifiantes, afin de produire ces sélections de chansons. Ainsi animés par notre inutilité bien assumée, nous avons persévéré en créant un appel à projet pour mettre en images ce que nous avions d’abords mis en mots et en musique. Cela a pris la forme d’une carte blanche offerte à 12 illustrateurs, dont nous sommes fiers de vous présenter les œuvres en ce début 2022.
Au siècle des cathédrales, l’apparition du mot « révolution » désigne un mouvement, celui du retour périodique d’un astre à un point de son orbite. C’est ainsi que nous célébrons chaque fin d’année la révolution de la planète qui porte notre monde vivant, jouissant sereinement de la permanence de ce qui tourne en rond.
Quelques centaines d’années plus tard, ce même terme indique le renversement brusque et violent d’une situation établie. À l’instar de la précédente, cette définition repose sur la considération d’un moment précis dans la continuité cyclique et historique des rapports de force entre êtres humains.
Notre langage a-t-il l’audace de nous souffler qu’à chaque révolution nous recommençons à tourner en rond ?
Il y a 150 ans, Emilio Castelar y Ripoll, « 1er président éclair » de la république espagnole écrivait, « Quand la pensée se tait, les révolutions parlent ». Ce début d’année si particulier a observé la révolution de notre planète accompagnée de l’expression d’une autre plus confuse. L’invasion du congrès américain par une foule à l’apparence autant révoltée qu’hébétée (comme semble confirmer la triste suite des événements) suggère-t-elle une carence de pensée en démocratie ?
Force est de constater que l’organisation sociale considérée comme la meilleure garante de l’exercice de nos libertés, notamment celle de s’exprimer, n’a peut-être pas favorisé l’exercice de la réflexion personnelle.
Nos souhaits pour 2021 sont d’entretenir la pensée libre comme condition pour l’être. Nietzsche constatait notre appétence à « Faire n’importe quoi plutôt que rien ». Ainsi partageons-nous comme modeste invitation à ne rien faire parfois et imaginer souvent, cette sélection musicale intitulée « RÉVOLUTION PERMANENTE ». Savoureuse aspiration que 2021 nous apaise avec notre disposition naturelle à tourner en rond, d’y inventer quelques joyeuses roulettes, galipettes, pirouettes et cacahuètes, que la chance de s’organiser en démocratie ne devienne pas un miroir aux alouettes.
Pour découvrir la playlist, c’est par ICI :